« Il n’est pas possible de donner une date précise à la fondation du village actuel (Evenos), à peine si sa position cachée sur les pentes nord du promontoire qui lui sert d’assiette, nous permet de le faire remonter à l’époque où les dangers d’attaques venaient du sud, de la mer, c’est à dire lors des invasions sarrazines.
Durant la période Gallo-romaine et la première partie du Moyen-Age, son emplacement était occupé par les ruines d’un Castellas Ligure dont les matériaux servirent plus tard à l’édification du château et de ses défenses.
En effet à quelques mètres de la seconde enceinte, grâce à la construction du petit sentier qui relie les fortifications médiévales avec le beau domaine d’Evette. Nous découvrîmes en 1912, presque à la surface du sol, d’abondants vestiges néolithiques, plus de 150 silex, grattoirs, poinçons, pointes de flèches, lames tranchantes ou dentelées, burins, de nombreux fragments de poteries grossières ornées de dent de loup ou de scie, plusieurs haches en pierre polie, dont une remarquable par ses dimensions, des débris de vases attiques, une épingle de bronze, etc…
Tout ce que nous savons des habitants de cet oppidum c’est qu’à la paix romaine, ils s’éparpillèrent sur le territoire du clan, ayant à peu près l’étendue de celui de la commune actuelle. Nous avons compté de cette époque plus de trente stations, toutes marquées par des débris de dolia, d’amphores, de tuiles à rebord, de meules portatives, d’une vaisselle fine richement décorée de figures en relief, de lampes funéraires.
Quelques unes d’entre elles nous ont livré des monnaies de la République et de l’Empire (romain), d’autres, des pièces marseillaises de la même époque. A la suite de quel bouleversement social cette population disséminée comme elle l’est aujourd’hui, pour ne pas dire davantage, s’est-elle vue contrainte de se grouper et de former le village dont il ne reste plus de nos jours que quelques maisons noyées au milieu des ruines ?
La tradition veut que nous en trouvions la raison dans la peur inspirée par les invasions répétées des maures pendant le IX, X, XIe siècle. Nous savons en effet comment à cette époque Toulon et ses environs furent terriblement ravagés à trois reprises différentes. L’effoi semé par la cruauté des barbares ne pouvait manquer de pousser bon nombre de fugitifs à rechercher un refuge sur les hauteurs d’Evenos pourvues d’une eau abondante et dont les abords étaient fortement défendus par des gorges profondes.
C‘est probablement à cette époque que remonte la construction du château. Ses restes imposants font encore l’admiration des archéologues. Nous ne croyons pas qu’il y ait en Provence des féodales dont l’impression de force et puissance se dégage mieux que ces énormes murailles.
D‘aspect sévère et sombre, la vieille forteresse repose sur une plateforme rocheuse dont les apics sur les deux tiers de son pourtour ont une hauteur de dix mètres. Son donjon, de forme pentagonale, malgré les démolitions successives que les habitants lui firent subir pendant les derniers siècles dans l’unique but de s’approprier les belles pierres équarries et de les faire servir à la construction de leur maison de campagne, mesure encore 12 mètres ce qui ajouté à l’élévation de son assiette met son sommet à 22 mètres du sol.
Situé à l’extrême nord-ouest du plateau rocheux et formant éperon, il présente son arrête vive vers le seul côté par où l’ennemi pouvait l’aborder. La seule salle qu’il renferme est une chapelle dédiée à St Pierre, restaurée en 1906 par Mr Imbert de la Phalecque. Parfaitement orientée, elle donne les dimensions de 7m50 sur 3. Si la voûte romane, sans arceau , se termine à son chevet par une abside percée en son milieu d’une longue et étroite meurtrière. »