Après Le Broussan, Orvès et Nèbre, la visite continue avec Ste Anne
L’abbé nous emmène à l’époque gallo-romaine à travers les bastides de Ste Anne au XVe siècle et avec les avatars liés à l’édification de sa chapelle.
Ce quartier d’Evenos est sans contredit la portion la plus fertile de son territoire. Son hameau, de formation récente, mériterait à cause de sa position sur la route Toulon-Marseille, d’attirer à lui par le moyen d’une voie facile, la population des deux autres sections, ce qui aurait pour l’ensemble, l’important avantage de créer sur ce point, une vie économique plus facile et plus conforme aux nécessités du jour.
Nos investigations à travers les diverses propriétés de ce quartier, nous firent découvrir, comme nous l’avons dit au commencement de cette étude, un nombre respectable de stations gallo-romaines, plus de dix, des plus riches, soit par la quantité et la variété des vestiges , soit par la qualité. Ainsi, pour n’en citer que quelques unes, celle de la Courentille où l’on peut voir encore un sol bétonné muni en son centre d’un trou circulaire de 0,40 de diamètre et supporté par un quadrilatère de murailles épaisses en partie noyées dans la terre, nous a donné une ample moisson de fragments de poteries anciennes luxueusement décorés.
Des fouilles que nous pratiquâmes au nord de la campagne des Andrieux, près d’un petit mur en pierres parfaitement équarries, nous fit mettre à jour les restes d’un hypocauste (fourreau souterrain qui chauffait les bains ou les chambres de bain à l’époque romaine), précédé de son foyer encore rempli de cendres, dans lesquelles nous découvrîmes d’énormes clous entièrement oxydés. Au Ginestet et aux Hermittes, nous fîmes également une abondante récolte de débris de riches poteries anciennes. Mais la station la plus importante qui nous a donné la plus grande quantité de fragments saliens, plusieurs kilos, et des monnaies romaines, est celle de la propriété Delmas sur les bords de la Reppe, à deux cents mètres des limites de la commune, sur le territoire du Beausset; dans aucun endroit nous recueillîmes autant de débris de fine vaisselle, avec ornementation en relief.
Ce court aperçu sur des vestiges de quelques habitations gallo-romaines trouvés dans la campagne de Ste Anne nous prouve clairement qu’au commencement de notre ère, cette partie du territoire communal était comme aujourd’hui exploitée par une population nombreuse et aisée.
Comment s’éteignit-elle dans la suite ou sous quelle menace dût-elle se réfugier sous les murs du château d’Evenos, à supposer que celui-ci fut édifié pour la défendre ?.
Nous ne savons pas.
C‘est seulement vers la fin du Moyen-Age que les habitations se reformèrent presque à l’emplacement de celles qui jadis avaient fait la prospérité de ce quartier.
Vers la fin du XVe siècle nous comptons 4 bastides en Christine, 3 sur le versant ouest de la Roque de Cimaï, 3 à Font-Vive, 3 aux Carteyrades, 1 aux Guis, 3 à la Condamine c’est à dire aux alentours de la villa de M.Chancel, 2 en Reppe et 5 en Morières.
Outre ces fermes, il y avait à la même époque un moulin à farine à la chute de la Foux, torrent souterrain facile à parcourir pendant l’été au moyen d’une bougie sur une longueur de plus de 300 m, un autre presque à l’extrémité nord de la vallée du Cimaï. Les ruines de ces petits minoteries sont encore très apparentes.
Deux moulins à huile, l’un situé à la bastide Coreil et l’autre à l’emplacement même de la Recenze actuelle répondaient pleinement aux besoins de la plaine.
Avec le progrès de l’agriculture, les habitants de ce quartier n’acceptèrent bientôt plus d’être obligés de monter à Evenos pour remplir leurs devoirs religieux. Sur l’initiative des plus influents d’entre eux, une chapelle dédiées à Ste Anne mesurant à peine 8 m de long sur 4 m 50 de large, fut construite non loin de l’auberge appelée Cabot. Un père de l’Oratoire d’Ollioules en assurait tant bien que mal le service dominical.
Ce premier avantage obtenu ne tarda pas à en faire désirer d’autres. Les offices du dimanche n’étaient pas les seuls à mettre les gens de la plaine dans l’obligation de gravir les pentes raides d’Evenos, les baptêmes, les mariages et surtout les enterrements créaient autant de fois la même pénible nécessité.
Pour remédier à cet état de chose, il y avait pas d’autre moyen que celui de promouvoir à l’exemple du Broussan, l’érection d’une succursale. On s’employa donc à cette solution.
Après de longues discutions au sein du conseil municipal de l’époque à propos du prix à payer par la commune, on opta pour la proposition d’un entrepreneur qui s’offrit peu après à construire une nouvelle chapelle pour le prix de 3 500 livres. On convint unanimement d’édifier le nouveau sanctuaire le long de l’antique voie royale perpendiculaire à l’ancien qui serait transformé en habitation curiale. Les travaux rapidement menés se terminèrent vers la fin de 1780.